Transition énergétique et territoire

 

La transition énergétique, c'est passionnant, et c'est complexe.

L’objectif de la transition énergétique, vue sous l’angle de la production d’énergie, consiste à :

  1. Sauver le climat, la biosphère, la biodiversité et l’avenir de l’humanité, en gardant sous contrôle le réchauffement climatique, c’est-à-dire en réduisant très fortement notre empreinte carbone, donc en diminuant très fortement nos rejets de gaz à effet de serre

  2. S’appuyer sur les énergies renouvelables : solaire, éolien, hydro-électrique, géothermie, biomasse, …

  3. À terme, se passer de l’énergie nucléaire, qui certes fournit une très faible empreinte carbone (donc très efficace contre le réchauffement climatique), mais qui représente un risque bien trop élevé

  4. Réaliser cette transition à une échelle de temps réaliste, calquée sur les progrès technologiques requis
     

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A ce jour, il n'existe pas de source d'énergie renouvelable idéale, qui ne serait pas intermittente, et qui pourrait se passer du recours massif aux énergies fossiles (fortes émettrices de CO2, gaz à effet de serre). Excepté l'hydro-électrique, mais on est déjà proche des capacités maximum.

Pourquoi ? Prenons l’exemple du cas Allemand : L'Allemagne a décidé de se retirer très rapidement du nucléaire. Trop rapidement ?
L’Allemagne produit beaucoup d'énergie verte (solaire, éolien) en remplacement du nucléaire, mais pour compenser l’intermittence de ces deux sources d’énergie renouvelable, elle produit également énormément d'énergie à partir de combustible fossile carboné, très fort émetteur de gaz à effet de serre.
Résultat :
   - Les jours favorables (ventés et ensoleillés), l’Allemagne se rapproche d’un bilan carbone satisfaisant.
   - En revanche, dès lors que les conditions météo ne sont pas optimales, les performances deviennent médiocres à très mauvaises.
   - Au bilan, aujourd'hui, pour produire 1 kWh d’électricité, l’Allemagne rejette entre 5 fois et 15 fois plus de gaz à effet de serre (CO2) que la France (en fonction des conditions météo, du moment de la journée, et de la saison).

L’urgence climatique, les objectifs de maîtriser le réchauffement climatique, formulés par le GIEC et par la COP-21, sont aujourd’hui hors d’atteinte pour l’Allemagne. Alors que la France, loin devant, est un des tous meilleurs pays au monde.

 

France - Allemagne, comparaisons CO2 / kWh en juin 2018
France - Allemagne, comparaisons CO2 / kWh en juin 2018

 

 

Superbe "timelapse" : une année de rejets de CO2 / kWh en Europe, obtenue par electricitymap.org (2017) :

https://www.youtube.com/watch?v=G6EOoC_kKI0

 

Quel est donc le problème majeur actuel ?
C'est l'intermittence de l'éolien et du photovoltaïque. Dit différemment, c'est le facteur de charge très bas de ces deux sources d'énergie.
Pour l'éolien et pour le photovoltaïque, le facteur de charge se situe aux environs de 20%.
Comme on peut le voir sur le graphique suivant, en France en mars 2017, la moyenne de production du parc éolien français est effectivement située à environ 20% des pics de production maximums.
Et ce qu'on constate, c'est que, pour toutes les périodes qui sont en dehors des pics de production, c'est à dire la majeure partie du temps, c'est la production d'électricité au gaz, fortement émettrice de gaz à effet de serre, qui prend le relai, à la demande :

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Le problème est synthétisé dans le tableau suivant, qui liste les principales sources d'énergies, et les caractéristiques de chacune.
Où l'on voit que, en l'état actuel de la technologie, il n'y a pas de source d'énergie "idéale", où "tout serait au vert".
La stratégie de mix énergétique d'un pays va alors consister à réaliser de la planification, et des arbitrages , vis-à-vis des objectifs de transition énergétique à atteindre.

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On voit donc qu’en l’état actuel des technologies, le paradoxe, dont l’Allemagne est un exemple criant, est que, lorsqu’on développe trop rapidement l’éolien et le photovoltaïque en remplacement d’une source d’énergie stable (comme le nucléaire), cela veut dire que, plus on va développer l’éolien, plus on va avoir besoin massivement d’une source d’énergie complémentaire pour pallier à son intermittence.
Pour produire 5 kWh supplémentaires sur la base d’énergie éolienne, cela se décomposera en 1 kWh supplémentaire d’éolien (en moyenne, facteur de charge de 20%), qui sera à compléter avec 4 kWh supplémentaires de type gaz ou charbon (très fortement émetteur de gaz à effet de serre).

 

Le cas Allemand montre donc que oui, il est possible de sortir du nucléaire.
Mais cela n’est qu’une partie du problème.
Or, si on procède trop rapidement et de façon anarchique, si on brûle les étapes, alors on participe au réchauffement climatique, au lieu de le combattre ; et les objectifs de sauver le climat (GIEC, COP-21) se retrouvent hors d’atteinte. Et ce, alors que la France, aujourd’hui, est un des tous meilleurs pays au monde.

Le GIEC estime que la transition énergétique, incluant la sortie du nucléaire, réalisée de façon responsable dans l'intérêt du climat et de la biosphère, prendra plus de 30 ans.
Les progrès technologiques majeurs à venir seront nécessaires pour franchir le cap décisif.

 

En attendant ces progrès technologiques, que faire ? Que faire à l'échelle des territoires ?

  • Ne pas condamner notre avenir ! Ne pas céder à l'anarchie, ne pas faire n’importe quoi, n’importe où.

  • Faire des projets de transition énergétique raisonnés, responsables, adaptés au territoire considéré.

  • La transition énergétique et la défense de la biodiversité sont deux piliers de l'action écologique. Il ne saurait être question de les opposer. Il s’agit donc de faire des projets de transition énergétique qui soient dans l'intérêt des territoires et de la biodiversité, et non pas dans l'intérêt unique du profit maximal des promoteurs.

  • Donc concrètement, que faire ici ? C’est dicté par les enjeux majeurs pour notre territoire ; ils sont décrits dans les autres articles du site.

  • Notre conclusion, relative à ces enjeux majeurs, c’est qu’ici, dans la Piège audoise, l’éolien industriel terrestre serait une catastrophe, ça constituerait un modèle calamiteux de ce qu'il ne faut pas faire.

  • Mais ceci étant dit, dès lors qu'on a acté qu'ici, l'éolien c'est non, alors, ce ne sont pas les opportunités qui manquent. Entre autres alternatives, les serres photovoltaïques pourraient être une approche vertueuse et porteuse d’avenir, dans l’intérêt de tous, y compris de la biodiversité. Autre exemple, la géothermie, dont le potentiel en France et dans région est très important et très peu exploité.

 

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