Mais pourquoi est-ce la foire ? Comment ça marche ?
Mais pourquoi c'est la foire ?
Il y a une première réponse, essentielle, à cette question :
Sous couvert de "j'ai le droit" et de "vaut mieux ça plutôt qu'une centrale nucléaire ou que s'éclairer à la bougie", des gens, dont c'est la profession, vont gagner BEAUCOUP d'argent, à prix garanti, et cet argent ils vont le gagner en saccageant le cadre de vie, l'écosystème, le patrimoine, l'avenir, voire la santé, d'autres gens.
Parmi ces autres gens, parmi ces victimes, certains vont accepter cette présentation des événements, car, ma foi, "ils ont le droit", et car, ma foi, "vaut mieux ça plutôt qu'une centrale nucléaire ou que s'éclairer à la bougie".
Mais d'autres ne vont pas accepter cette présentation des événements. Car cette présentation est parfaitement fausse et malhonnête. Car non, ils n'ont pas le droit de faire tout et n'importe quoi. Car nous aussi nous avons des droits. Des droits pour nous-mêmes, des droits pour le bien commun, des droits pour préserver l'écosystème. Car notre avenir, l'avenir du bien commun, l'écosystème, nous en sommes les défenseurs et les artisans. Pas eux. L'écologie, le développement durable, n'ont rien à voir avec leur business, ni avec les projets qu'ils portent. Bien sûr que non, ces projets sauvages ne sont pas la seule alternative énergétique au nucléaire et à la bougie, quelle malhonnêteté. Et ces projets n'ont pour motivation ni notre avenir commun, ni l'écosystème, ni notre santé, non, ces projets ont comme unique et stricte motivation la recherche du profit maximal tout en restant à la limite de la conformité à la loi. Ni plus, ni moins.
Alors, lorsque l'on voit arriver de pareils ennemis de notre avenir et du bien commun, auréolés de "j'ai le droit" et de "vaut mieux ça plutôt qu'une centrale nucléaire ou que s'éclairer la bougie", forcément, il est hors de question que ça passe comme ça.
Comment peut-on en arriver là ? Comment ça se monte un projet éolien en France ?
En un mot : c'est le Far West.
La loi est ainsi faite que, depuis les prémices d'un nouveau projet éolien, jusqu'à sa construction effective, il y a 2 actes de prise de décision des autorités publiques. Deux :
- aux prémices d'un nouveau projet, la délibération favorable du conseil municipal de la commune concernée par le projet du promoteur
- en fin de constitution et d'instruction du dossier de demande de permis de construire, l'accord ou le refus du préfet.
Et c'est tout ! Alors dans le détail, on peut préciser qu'évidemment, il y a une 3ième autorité publique qui a autorité, c'est la justice, en cas de plainte déposée par une des parties prenantes.
Dans le détail toujours, il y a de nombreux services qui interviennent à titre consultatif. L'étape consultative essentielle, qui intervient peu avant la décision du préfet, est la réalisation de l'enquête publique, au cours de laquelle un commissaire enquêteur est nommé, son rôle étant de recueillir l'avis de chaque citoyen souhaitant s'exprimer, de recueillir les réponses formulées par le promoteur éolien, et, en conclusion du débat public, de formuler son avis argumenté, favorable ou défavorable au projet éolien. Cet avis est d'importance, pour la décision ultérieure du préfet ; il est l'un des avis les plus importants parmi tous ceux (favorables/défavorables) formulés par les nombreux autres services de l'Etat consultés. Mais il reste à titre consultatif : il s'est déjà vu des projets acceptés par un préfet, alors que l'enquête publique se concluait par un avis défavorable du commissaire enquêteur.
Donc voilà. Pour résumer, mais c'est en essence la stricte réalité, un projet éolien est "inarrêtable", jusqu'à la phase ultime de décision du préfet, dès lors qu'un conseil municipal a voté une délibération favorable.
On comprend alors pourquoi en France, pays des 36.000 communes, la stratégie des promoteurs éoliens est de continuellement "draguer" les élus des petites communes, à la recherche d'oreilles réceptives.
On comprend alors également pourquoi, très régulièrement, des procès pour prises illégales d'intérêts atterrissent devant les tribunaux, eu égard au mélange des genres qui peut s'opérer pour des élus locaux qui seraient également propriétaires terriens concernés par des projets sur leurs terres.
Alors, les promoteurs draguent les élus locaux, et dès lors qu'ils obtiennent une délibération favorable d'un conseil municipal, c'est parti, ils foncent, et rien ne pourra les arrêter jusqu'au préfet.
Or étant donné les montants en jeu et le prix de rachat au KW/h extrêmement avantageux en faveur des promoteurs, il suffit qu'un projet parmi N soit de temps en temps accepté par le préfet, pour rentabiliser allègrement les N-1 autres projets refusés.
Et voilà pourquoi le préfet a en permanence une pile de dossiers de projets éoliens sur son bureau. Et voilà pourquoi nous sommes tous sous la menace permanente d'un conseil municipal, qui légalement dispose de cet énorme pouvoir entre ses mains, et qui à un moment donné voterait favorablement, et nous embarquerait ainsi dans ce cirque.
Et voilà pourquoi aujourd'hui nous voilà embarqués dans ce cirque.