Profits : "à qui profite le crime ?"
Pas simple d'obtenir des données, afin d'en tirer des conclusions fiables concernant les montants des retombées financières directes d'un parc éolien industriel ; l'omerta règne.
Mais pas impossible !
Pour deux projets récents (2016, 2015), situés à Villerouge-Termenès (dans les Corbières) et à Buléon (Morbihan), le chiffrage officiel des retombées financières directes escomptées est disponible (en provenance de la municipalité, en provenance du rapport d'enquête publique). On constate que les chiffrages relatifs à ces deux projets sont très semblables. Ils sont donc probablement assez typiques et représentatifs d'un projet éolien "moderne".
Les montants sont les suivants :
- Pour le propriétaire terrien qui loue son terrain pour installation d'éolienne(s) : il est rémunéré environ 10.000€ par éolienne, par an.
- Les collectivités locales (commune, communauté de communes, département, région) : se partagent environ 30.000€ par éolienne, par an.
- Pour le promoteur éolien, il faut passer par une multiplication, du nombre de kWh annuel estimé par le prix de rachat de l'électricité éolienne : ramené au nombre d'éoliennes, son chiffre d'affaires est d'environ 500.000 € par éolienne, par an (autrement dit, pour les 6 éoliennes, plus de 3 millions d'euros par an).
On comprend dès lors que,
- Pour un propriétaire terrien (qui privilégie son portefeuille, au détriment de la qualité de vie des concitoyens dans son voisinage, ce qui, convenons-en, est un caractère de l'âme humaine qui n'est pas donné à tout le monde), avoir quelques éoliennes constitue bien plus qu'un simple complément de revenu !!
- Pour les collectivités locales, comparativement aux propriétaires, c'est bien maigre... néanmoins, la répartition entre les collectivités étant généralement en faveur de la communauté de communes et des communes, dans le cas de petites communes rurales, il s'agit alors effectivement de montants, disons, non négligeables. Là encore, à supposer que la commune privilégie ses rentrées fiscales immédiates, tout en condamnant beaucoup d'autres voies de développement, ainsi qu'au détriment, parfois minoritaire, parfois majoritaire, de ses administrés (entre parenthèse, certes, n'est pas Albert Camus qui veut, mais la démocratie devrait être, non pas la loi par la majorité pour la majorité, mais elle devrait être la protection des faibles et des minoritaires contre les puissants et les forts ; fin de la parenthèse, mais qui est d'importance, dans le cadre d'un projet de ce type, où lorsqu'un projet a comme conséquence de condamner sciemment un certain nombre de foyers, alors, quel que soit ce nombre, c'est une faillite démocratique).
- Pour le promoteur, on change d'échelle !
Le promoteur touche donc plus de 90% des revenus éoliens, le ou les propriétaires terriens 1.5% , et les collectivités locales environ 4.5%.
Mais les retombées financières attendues seront-elles bien au rendez-vous ?
Sur ce sujet purement des retombées financières directes pour la collectivité, nous sommes en train de nous faire notre opinion vis-à-vis des effets d'annonces.
- Car le fait est qu'il y a des cas avérés (car issus de déclarations publiques de maires), comme ici (à 3'45''), ou ici (page 33) où la municipalité touche finalement des revenus très nettement inférieurs à ce qui avait été annoncé en phases d'études : jusqu'à divisé par 8. Or, comme les retombées financières directes figurent dans les motivations premières des partisans de ces projets, ils ont effectivement de quoi ête déçu.
A quoi est dû ce grand écart ? A la réforme de la taxe professionnelle ? Est-ce en raison de certains, rares, montages contractuels qui seraient particulièrement au désavantage des collectivités ? Ou bien est-ce une pratique généralisée consistant à laisser miroiter des retombées fiscales illusoires ? Nous n'avons pas assez d'éléments à ce stade pour nous prononcer.
- Deuxième cause de chute à venir pour les retombées financières des communes : il s'agit des évolutions prochaines sur le prix de rachat du kWh éolien, qui devrait bientôt s'orienter durablement à la baisse. Ce prix est actuellement fixé à 83€/MWh, soit 2 fois supérieur au prix de l'électricité du marché.
Là aussi, nous sommes en train de nous construire une opinion et de rencenser les sources les plus fiables, afin de pouvoir quantifier de quoi on parle : quels niveaux de baisse ? à quelles échéances ? pour quelles raisons ?
Y compris une grande collectivité, comme la Région Occitanie, par l'intermédiaire de sa vice-présidente chargée des affaires écologiques et énergétiques, affirmait le 29/11/2016 que "il n'y aura plus de prix d'achat, il faudra trouver un modèle rentable".
Un des acteurs de cette baisse est l'Europe, qui dénonce le système Français actuel de prix de rachat, qui est anti-concurrentiel.
baisse d'attractivité, désertification démographique
Nous considérons que ces projets sont irresponsables, et qu'ils sont le reniement du développement de notre territoire. Ils vont engendrer une baisse d'attractivité à tous points de vue (touristique, vie locale, tissu socio-économique), et une désertification démographique accélérée.
Financièrement, les collectivités locales pourraient donc bien se retrouver le bec dans l'eau, avec des retombées financières directes en chute libre. Ca serait la double (ou plutôt, triple) peine : avoir toutes les nuisances, et avoir une baisse d'attractivité et une désertification accélérées, tout ça, pour finalement ne percevoir qu'une infime partie des recettes attendues.