L'éolien dans le département de l'Aude. Et concernant la Piège ?



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Examinons la cartographie d'implantation des sites éoliens dans le département (en date de début octobre 2016) ; y est également figuré le couloir de migration, actuellement préservé, qui traverse la ZPS Natura 2000 de la Piège (source : DDTM de l'Aude 2012, "les espaces naturels sensibles et lesgraands couloirs de migration").

En visualisant cette cartographie, on peut constater deux choses :

D'abord, on comprend que le plan de développement éolien audois est à ce jour globalement bien respecté ; confer les zones de développement éolien, représentées sur fond bleu sur la carte, issues du schéma en Annexe 1 ci-dessous. On constate que jusqu'ici, la préfecture a autorisé les projets avec une cohérence certaine. Y compris les nouveaux projets les plus avancés, s'inscrivent dans cette logique.
Le plan de développement éolien audois définit, et argumente, quel est le cadre d'aménagement du territoire en matière de développement éolien. Et à ce jour, la préfecture suit son plan.

Ensuite, on comprend bien quel est l'enjeu qui concerne notre territoire de la Piège :

Du point de vue de l'aménagement du territoire, il n'y a pas d'argument rationnel à y implanter des sites éoliens industriels : le plan de développement éolien audois est contre , car la topographie et la démographie ne s'y prêtent pas ; ça briserait la cohérence d'aménagement du territoire ; il y a déjà eu deux refus préfectoraux ; à présent la zone est classée ZPS Natura 2000 ; cette zone du sud-ouest audois doit constituer un "lieu de protection" et rester une "respiration vierge de tout projet éolien" (citations du plan éolien audois), à la fois pour la structure paysagère, pour la protection des oiseaux emblématiques, et pour les hommes ; etc...
Mais les perspectives financières pour les promoteurs étant ce qu'elles sont, une "respiration vierge de tout projet éolien" se traduit pour les plus cupides et cyniques d'entre eux par une opportunité inespérée pour créer de nouveaux sites éoliens industriels, alors ils tentent.
Il y a, en Haute-Garonne à une distance assez proche, le récent site éolien de Calmont, ainsi que le site d'Avignonet-Lauragais. 
Si jamais un premier site éolien industriel venait à se construire quelque part dans la Piège audoise, ça lèverait tous les verrous, ça légitimerait le droit à s'asseoir sur tous ces principes, et ça constituerait l'appel d'air pour implanter sur ce territoire d'autres sites tous azimuts durant les 10 prochaines années. Ce serait la fin de la ZPS Natura 2000, la fin du modèle de développement touristique et économique propre à ce territoire, dans lequel nous nous sommes investis, qui a été permis par ce classement et par la politique d'aménagement du territoire départemenal, et ce serait le début d'une nouvelle ère bien différente, dont nous, les acteurs locaux autochtones, serions exclus et chassés.

On se retrouve donc en pleine schizophrénie :

  • ce territoire est fondamentalement inadapté à l'éolien industriel, et il doit constituer une respiration. De plus, il doit, impérieusement, constituer un sanctuaire pour les espèces protégées au titre de la ZPS Natura 2000 ; c'est ce qui a été décidé par tous les acteurs et décideurs, depuis le local jusqu'au national ; et localement, un investissement considérable s'opère en ce sens.
  • mais en parallèle, ce territoire est à présent l'objet d'une convoitise acérée de la part de plusieurs promoteurs éoliens, au risque, pour la collectivité, de le transformer en un nouveau pôle éolien départemental, enterrant par là-même la ZPS Natura 2000 et les objectifs écologiques et de développement qui en dépendent.

Nous comprenons fort bien quels sont les intérêts de ceux des promoteurs éoliens pour qui cela ne pose pas de problème de venir bafouer ces principes. Avec plus de tristesse, nous constatons également quels sont les objectifs à courte vue, ou bien, qui sait, les objectifs carriéristes, de certains élus locaux, eux aussi favorables à bafouer ces principes.

Nous avons investi nos vies, nos projets professionnels sur ce territoire, sur la foi des politiques d'aménagement du territoire édictées par le département. Aujourd'hui, des élus locaux s'assoient sur ces principes, et nous poignardent dans le dos. Nous voulons rester les autochtones du territoire, ceux qui le font vivre ; pas les chassés du territoire. Nous avons grande confiance dans la probité, le sens des responsabilités, dans la vision de long terme, de la part des instances décisionnelles préfectorales, garantes de la cohérence de l'aménagement du territoire, pour qu'elles continuent à oeuvrer à la fois en faveur de l'intérêt général et en faveur des intérêts propres à chaque territoire, en faveur d'un développement qui ne sacrifie pas l'avenir, en accord avec ses propres principes structurants et ses propres schémas directeurs.

Annexe 1. Plan de gestion des paysages Audois vis-à-vis de projets éoliens : zones de développement éolien
Annexe 1. Plan de gestion des paysages Audois vis-à-vis de projets éoliens : zones de développement éolien